Rien, je ne connaissais absolument rien d'Ostrava il y a à peine trois mois; la destination reste il est vrai confidentielle, voire insolite, tout comme l'ensemble de la République tchèque d'ailleurs, dès lors que l'on dépasse les frontières de sa magnifique capitale.
Alors laissez-moi vous confier ceci : au-delà de l'atmosphère magique de Prague , il existe en République tchèque une autre magie, celle de monts et vallées aux panoramas époustouflants, de châteaux de contes de fées, de romantiques villes thermales, de vignobles, de brasseries et de traditions culinaires. (Ne manquez pas mes prochains articles sur le sujet.)
Et il y a Ostrava, la "ville noire" qui telle un phénix, renaît de ses cendres et peut se targuer d'offrir à ses visiteurs un patrimoine industriel remarquablement mis en scène.
Dans cet article, je vous raconte pourquoi j'ai eu un réel coup de coeur pour la capitale de Moravie -Silésie et en quoi elle peut être une destination intéressante au départ de Prague ou de Cracovie. Je vous livre aussi mon guide pour vivre votre voyage en version luxe.
Sommaire :
Cinq raisons pour lesquelles j'ai aimé Ostrava
Ostrava, la soeur tchèque
Une population attachante
Du vert à perte de vue
La mine Michal, un complexe industriel impressionnant
Dolni Vitkovice, une transformation époustouflante et un véritable coup de coeur
Mon guide voyage - Ostrava version luxe
Comment se rendre à Ostrava
Où manger
Où boire un verre
Le Beer Bath, une expérience à tenter
Cinq raisons pour lesquelles j'ai aimé Ostrava
Cette année, Tbexcon, l'entreprise californienne de référence en matière d'événements et rencontres entre blogueurs voyage, journalistes, marques et professionnels de l'industrie du tourisme, organisait son congrès annuel européen à Ostrava, troisième ville de République tchèque.
Après une année et demi de blogging, il était temps pour moi de sortir de ma bulle et d'aller à la rencontre d'autres passionnés du voyage. En juillet dernier, j'ai donc intégré la "famille Tbex" à #Tbexostrava2018.
Lorsque je suis sortie de la gare, fatiguée et chargée comme une mule, je dois bien avouer que je n'ai pas eu le coup de foudre : Ostrava n'a pas la beauté d'une ville qui ensorcelle. Mais le pouvoir de séduction de la capitale de Moravie-Silésie est subtil et terriblement efficace ; mon regard a donc rapidement changé.
1. Ostrava, la soeur tchèque ?
Je ne l'ai jamais caché, je suis une voyageuse dans l'âme et dans le coeur mais tout ce qui me rappelle mon pays et mes racines me touche sensiblement.
Et ce ne sont pas les similitudes qui manquent entre Ostrava et Liège, ma région natale. Citons par exemple leur riche passé industriel, la réputation de leur université en matière d'engineering - tant pour Ostrava que pour Liège, la faculté est née de l'Ecole des mines issue elle-même de la révolution industrielle du 19ème siècle -, leur festival de musique - les Ardentes, pour l'une, et Colors of Ostrava, pour l'autre -, mais aussi leur quartier qui ne dort jamais - Le Carré pour l'une, Stodolni pour l'autre.
Citons encore leur population au caractère bien trempé, leur situation géographique au carrefour d'importantes voies de communication avec des pays limitrophes - Les Pays-Bas, l'Allemagne et le Grand-Duché de Luxembourg pour Liège, la Pologne et la Slovaquie pour Ostrava - et une volonté irrépressible de se tourner vers une modernité respectueuse du passé.
2. Une population attachante
Quand les masques tombent ...
Les habitants d'Ostrava se disent différents et, si l'on en croit la description faite sur le dépliant de l'Office du tourisme local, ils sont simples, francs, honnêtes et directs, parfois trop, et peuvent afficher un visage sévère.
Dans le tramway qui me conduit de la banlieue au centre-ville le lendemain de mon arrivée, je mesure en effet toute l'étendue de ces signes distinctifs : les multiples paires d'yeux qui me dévisagent me donnent l'impression d'être une extraterrestre.
Pour l'heure, je ne peux pas leur donner tort : j'ai commencé ma journée en prenant le tram dans le mauvais sens - c'est stupide -, je n'ai pas réussi à payer mon billet de transport avec ma carte de crédit - moyen supposé le plus simple; en plus, je suis habillée comme une princesse au petit pois endimanchée et du coup, ne fais pas du tout couleur locale.
Alors je décide d'utiliser un langage universel : le sourire. C'est fou comme ça détend et ouvre les portes ! Très rapidement d'ailleurs, les attitudes changent et font place à une sollicitude certaine, allant du simple conseil - en tchèque - pour avoir un billet de transport valable - le chauffeur lui, attendra patiemment que j'effectue l'opération adéquate à une station avant de redémarrer son tramway - jusqu'à cette jeune fille aux cheveux blonds décolorés et couverte de tatouages qui me guidera très gentiment jusqu'au centre-ville.
Quand les masques tombent, les habitants d'Ostrava se montrent sous un tout autre jour.
Des habitants en résilience et fiers de leur ville
La fermeture des mines et des complexes sidérurgiques entamée dans les années 1990 a placé Ostrava et sa population dans une situation économique particulièrement difficile. Selon le maire de la ville,Tomáš Macura, cette désindustrialisation a entraîné la perte d'environ 100.000 emplois et un taux de chômage record.
Ce n'est donc pas sans fierté - et à juste titre, selon moi - qu'il nous accueille à Lower Vitkovice, à deux pas de la Bolt Tower. Ce complexe industriel métamorphosé en espace culturel, social et éducatif est un exemple incroyable de régénération urbaine. Impressionnant ! (Plus de détails ci-après.)
Cette fierté à l'égard d'Ostrava, cette joie de partager son histoire et son renouveau, je la ressens encore le lendemain et le surlendemain, auprès de l'Office du tourisme, avec les guides locaux et les bénévoles. La ville se relève progressivement de ses blessures, sa population aussi, et cela me touche.
3. Du vert à perte de vue
Il suffit de grimper en haut de la tour du nouvel Hôtel de ville pour s'en rendre compte: Ostrava est entourée de verdure.
Située à l'est de la République tchèque, à très courte distance des frontières polonaise et slovaque, la ville est entre autres bordée par le massif montagneux des Beskides (Carpates) réputé pour ses forêts et prairies sans fin, ses panoramas spectaculaires, ses églises en bois et ses traditions populaires.
De quoi alimenter mon imagination et mes rêves de nouvelles aventures en Moravie-Silésie.
4. La mine Michal , un complexe industriel impressionnant
La mine Michal, exploitée dès 1850, a fermé ses portes en juin 1994 et depuis, le temps semble s'y être arrêté.
C'est un ancien employé de la mine qui nous accueille à l'entrée. A la fois heureux et nerveux d'accueillir notre groupe, il semble gêné par son anglais devenu plus hésitant avec le temps et tient fermement son petit carnet de notes. C'est touchant.
Nous suivons la route des mineurs et entrons dans une vaste salle où ils avaient l'habitude de se changer. D'immenses chaînes pendent du plafond, des vêtements de travail et des casques accrochés à leurs mailles. A cet instant, j'ai l'impression de vivre un épisode de Harry Potter, entourée de détraqueurs. C'est terriblement impressionnant.
De pièce en pièce et grâce à notre guide, nous découvrons le fonctionnement de la mine et marchons sur les traces de ces ouvriers dont les conditions de travail étaient particulièrement rudes et l'alcool , un "ami" proche - Impossible pour moi d'avaler plus qu'une goutte du "Havířská vlajka", leur fameuse boisson !
5. Dolni Vitkovice , une transformation époustouflante et un véritable coup de coeur
J'ai toujours vu les sites sidérurgiques comme des tas de tôles rouillées, des ensembles sales, sombres et tristes les jours de pluie. Pourtant, ici, à Vitkovice, je ne vois plus qu'un patrimoine culturel exceptionnel à la théâtralité saisissante .
L'histoire de Vitkovice remonte à 1828 et son essor est étroitement lié à la famille Rothschild. Unique en son genre, il est le seul complexe industriel intégré d' Europe puisqu'à l'époque, il maîtrise la chaîne totale de la production d'acier sur un seul site, de l'extraction du charbon à la réalisation du produit fini.
En 1998, l'exploitation prend fin. En 2002, Vitkovice est classé monument culturel national et depuis 2008, il fait partie du patrimoine culturel européen. A juste titre.
Aujourd'hui, le site d'environ 150 hectares est repris dans un immense projet de réhabilitation, à l'initiative de l'association Dov ; il vise à créer un centre social, culturel et éducatif pour la population d'Ostrava et les touristes venant du monde entier.
A terme, il devrait également offrir des espaces de loisirs, de shopping, des musées, des logements, des centres de recherches, etc ...
Parmi les bâtiments remarquables déjà réhabilités, le Gong et la Tour Bolt sont pour moi d'un intérêt majeur et une réussite totale.
Le Gong
L'ancien réservoir à gaz de Vitkovice est maintenant transformé en un centre de congrès ultra-moderne.
Si l'imposant bâtiment a conservé majoritairement son enveloppe extérieure, l'architecture intérieure a été totalement repensée.
Lorsque je pénètre dans le Gong, je mesure la hauteur impressionnante du hall, accentuée par les colonnes anthracite qui soutiennent l'ensemble.
Au sol, des clous bordent des dalles de béton. et font penser au travail des tapissiers-garnisseurs. Les murs gris clairs contrastent avec les équipements foncés.
Çà et là, des sculptures apportent une touche de couleur et de fantaisie. Sans doute dans la logique du "less is more", l'ensemble est épuré et fonctionnel ; il me paraît chic, aérien et lumineux.
Au premier étage, appuyée contre la rambarde en béton de la mezzanine et les yeux rivés vers l'extérieur, je ne peux qu'observer à quel point les lignes verticales et horizontales - celles du présent et du passé - se répondent, en parfaite symbiose.
A l'occasion du congrès, un espace de relaxation a été installé devant l'entrée. Je suis totalement conquise.
La Tour Bolt
"Fall in love with iron" (1), Le thème de cette visite guidée résonne en moi comme une promesse et le "We do not recommend the blast furnace route (and the Bolt Tower) to people who are afraid of heights." (2) comme un défi. C'est décidé. Je m'inscris.
Notre guide nous entraîne ainsi à la découverte du complexe sidérurgique. Je dois bien avouer que j'ai un peu de mal à le suivre. Mon attention est en effet détournée par l'atmosphère générale du lieu que l'orage du matin a complètement transformée.
Sur le sol baigné de pluie, briques et métal, cheminées, réservoirs et passerelles ne forment plus qu'une ombre unicolore et déchiquetée. L'esthétique dramatique qui se dégage des bâtiments est fascinante.
Mais nous voici arrivés devant le fameux haut-fourneau N°1.
Affublée du casque réglementaire, j'embarque avec le reste du groupe dans la nacelle vitrée qui nous mène à 80 mètres de haut . Le trajet est moins effrayant que je ne l'avais imaginé. Tant mieux !
Le ciel est couvert mais la vue est suffisamment dégagée.
Dans l'étonnante verdure de la ville, le style très hétéroclite d'Ostrava apparaît ainsi très clairement.
Entre les colonnes de béton colorées s'échappent quelques bâtiments historiques, comme la cathédrale Saint-Sauveur, dont on aperçoit les deux clochers.
Il est un peu moins de 16 heures quand nous franchissons la porte du Bolt Café, du nom du célèbre athlète jamaïcain qui a baptisé la tour en 2015.
Le temps d'une photo de groupe et d'un délicieux cappuccino - je sais, un peu tard pour un cappuccino - et l'après-midi se termine. Le soir, d'autres réjouissances nous attendent...
Mon guide voyage - les bonnes adresses luxe d'Ostrava
La découverte d'Ostrava s'inscrit particulièrement bien dans un itinéraire au départ de Prague ou de Cracovie. Comptez un minimum de deux jours pour en saisir l'essentiel.
Comment se rendre à Ostrava
Si vous ne pensez pas utiliser la voiture, le plus simple est de prendre le train au départ de Prague (gare centrale). Plusieurs compagnies assurent la liaison mais la plus luxueuse et celle offrant le meilleur rapport qualité-prix me semble Regio Jet, dont j'ai particulièrement pu aprécier le confort en classe business. Comptez environ 25,00 euros par trajet en compartiment de 4 personnes, avec larges sièges en cuir et service à bord. Le trajet dure approximativement trois heures . Où manger
- Zamek Zabreh restaurant : Situé dans un ancien château du XVI ème siècle et en dehors de la ville, ce restaurant propose une cuisine tchèque bistronomique et ses propres bières (micro-brasserie appartenant au même propriétaire). Excellent ! Repas complet pour environ 16 euros.
- The loft : A 500 mètres de la gare principale d'Ostrava, le petit frère du Zamek Zabreh - il appartient au même groupe - est un petit bijou . Ambiance industrielle et cuisine bistronomique. J'ai adoré ! Menu 3 services, vin et thé pour un peu moins de 25,00 euros.
Où boire un verre
Bolt Tower Café : déguster un café en haut du haut-fourneau est un must.
Le Beer Bath, une expérience à tenter
A l'hôtel Zamek Zabrek, une séance de 40 bonnes minutes comprenant bain et massage vous coûtera environ 80 euros.
Epinglez-moi !
Avertissement :
Les visites de la tour panoramique, de la mine Michal , de Vitkovice et de la Bolt Tower ont été effectués en collaboration avec TBex, L'Office du tourisme tchèque et la ville d'Ostrava. Cet article ne nous a cependant pas été commandé et nous ne recevrons aucune rémunération pour sa publication. Tous les points de vue et opinions exprimés ici sont purement personnels et relèvent de notre propre expérience.
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